Voilà un bout du jeudi de Napoléon...cette fois-ci c'est l'épisode du mangeage d'une petite souris innocente... Je suis tapi dans l’herbe verte, fraîche, qui remue doucement sous l’effet du vent…
J’attends.
Je guette.
Tous mes muscles sont bandés, prêts à se détendre brusquement, tel un ressort…Je ne pense plus, je ne sens plus le vent sur mes poils, je n’entends plus les sons alentours…
J’attends.
Je guette.
Je sens d’abord son odeur.
Puis je la vois.
La voilà…petite, menue…fragile…si fragile…
Je me retiens…pas encore…je trépigne…prêt à bondir.
Elle avance tout doucement sur ses petites pattes…trottine, innocemment, avec une certaine insouciance qui rend ce moment encore plus délectable…
Je l’observe.
Je fais durer le plaisir…
J’ai l’eau à la bouche.
Je n’en peux plus. Je me ramasse, puis d’un coup la détente.
Je bondis. En moins d’une seconde je suis sur elle.
Elle n’a rien vu venir.
Rien entendu, rien senti…
Ma patte s’écrase sur son petit corps mou et soyeux. Mes griffes transpercent la peau fine, la chair tendre…
Une goutte de sang.
Toute petite goutte.
Elle crie maintenant, petit son aigu que je suis le seul à entendre…cri de peur, cri de douleur, cri d’agonie…cri de celle qui sait qu’elle va mourir…
Mais non, pas encore. Je ne la tue pas encore…
J’aime sentir cette odeur de panique qui transpire par tous ses pores…C’est délectable…transcendant…
Je joue avec, telle une minuscule poupée de chiffons, je la fais voler dans les airs…coup de patte, petit bond…je tourne autour, je ne la lâche pas des yeux, je me hérisse…comme si elle pouvait partir !!
Oui, elle essaye bien, elle se traîne vaguement, quand ma patte la libère, lui donnant un faux espoir…
Mais il n’en est rien…elle est ma proie, mon jouet, elle m’appartient désormais…. Son sort est scellé.
Je joue avec elle, longtemps…Je me délecte de sa peur, sa souffrance.
Oh oui je m’en délecte longtemps….
Puis, quand j’ai assez joué, je la tue.
Clac, d’un coup de dents.
Un coup sec. Précis.
Voilà, elle ne souffre plus….
Dommage…
Je joue encore un peu avec son petit corps mou, inerte, sans vie…Je ne vais pas la manger tout de suite.
Je veux encore faire durer le plaisir.
Et puis même froide elle sera bonne. Meilleure que ces sales croquettes…meilleure que le poisson d’hier même, j’en suis sûr. Plus tendre, plus juteuse…