mercredi mélangé suite

Le gosse arrive…chouette…je vais me planquer derrière une étagère…encore une bonne après-midi en perspective….pffff….

J’ai vraiment faim…

Je monte sur le meuble où habite Joséphine, le poisson rouge de Louise. Je le regarde tourner dans son aquarium…Il est beau ce poisson…Tout rouge…D’un beau rouge vif…Comme le serait une belle tranche de steak…J’ai faim…
Tout se passe très vite : je plonge la patte dans l’eau froide, la passe sous Joséphine qui n’a rien vu venir, et la propulse hors de l’eau du bocal, d’un geste sec et précis !
Le petit corps rouge décrit une arabesque gracieuse dans l’air avant de retomber sur le plancher du salon dans un bruit mat et quelques éclaboussures, puis se met à se tortiller frénétiquement…
Je redescend et le rejoins, tout excité…Je suis un prédateur, il est ma proie…Je joue avec deux-trois secondes…puis d’un coup de dent bien placé je met fin à ses pitoyables gigotements. La chair froide est tendre et ferme, savoureuse...juteuse…

Louise se trouve dans l’entrée du salon, et se met à hurler en se précipitant vers moi. Je prends le poisson entre mes dents en grognant et file sous une étagère, à l’abri, pour le manger tranquillement… En quelques secondes, je l’ai completement avalé, à peine maché…
Il ne reste plus rien. J’avais trop faim…

Par contre, le programme de cet après-midi ne m'amuse pas du tout! Isa revient pour me garder, comme si mon cinéma d'hier avec elle n'avait servi à rien! Je suis dégoûté! J'ai vraiment pas envie de la voir... Elle arrive vers quatorze heure trente, comme hier, et me fait un grand sourire. Elle est pas crédible, j'ai peut être que dix ans, mais je suis pas stupide! Je vois bien qu'elle jubile intérieurement de m'avoir battu au Uno, et qu'elle me déteste. Mais bon, je prends sur moi, j'ai promis à maman d'être sage... Nan. Pas possible. La tentation est trop forte, j'ai vraiment trop envie de la faire enrager... Et ça marche! Encore plus efficace qu'hier. Mais cette fois, elle élève un peu trop la voix à mon goût. Personne ne m'a jamais parlé sur ce ton, et ce n'est pas elle qui va commencer. Puisque c'est ça, pendant, qu'elle est à la cuisine, je prends mes jambes à mon coup et je fiche le camp! Et je monte direct chez mes amis du quatrième, Louise et Sacha


On sonne .
Le petit Maxime est derrière la porte !
Sa baby-sitter lui tapait sur les nerfs !!!
C'est agréable de savoir qu'un enfant trouve du réconfort et du bien être à la maison Je suis dans mon fauteuil. J’écoute la musique. Il est seize heure vingt cinq.

On frappe à la porte.
J’étais tranquille. Je ne le suis plus. On me demande si j’ai vu Maxime. Je mets un moment à retrouver son visage. J’ai déjà vu traîner un gamin. Se doit être lui.
« Non » et referme la porte. Quelle idée. Un gamin ici.

J’ai été gamin. Un souvenir. Une enfance. Troublé. Cauchemar. Lutte. Quelque chose de différent. Non. Je veux. Une image. Changé.
Je suis le même. C’est trop tard. Tant pis
La baby-sitter , Isa , suit ! Elle le cherchait partout !
Un peu angoissée la p'tite !
Je les laisse et me prépare .
Ce soir je travaille ...
J'ai l'impression de n'y avoir pas été depuis si longtemps ...

J'entend hurler...
J'accours !
mon petit matou vient de gober le poisson rouge de ma Louise !
Ca devait finir par arriver !
Je l'avais prévenue ...
Elle est triste et s'en prend à moi !
Je ne suis pas d'humeur !
C'est notre première engueulade !
Ce n'est qu'un poisson rouge !
Histoire d'en rajouter une couche ... mon pauvre "chat-sseur" de poisson fait son "chat-laid" et du "chat-grin" à toute l'assemblée ...
Ce pauvre dégobille presque la totalité de Joséphine sur les pieds d'Isa ...
A mourir de rire !
Comme toujours je suis le seul à rire !!!
Impossible de m'en empêcher ! L'action est sublime !!!
Notre pauvre Isa , la fausse fugue de Max et notre Napoléon l'ont invitée au pas de course aux toilettes !
Elle est un peu trop émotive je crois !
Louise râle .
Elle n’aime pas ma reaction. On passé l’après-midi tous les quatres.
Seize heure. On toque à la porte.
C’est Maxime, tout essouflé. Je ne lui pose pas de questions, il peut venir quand il le souhaite.
Il part jouer à la Nitendo, un jeu de rallye je crois.
Le voilà qui hurle. Qu’est-ce qui le panique à ce point ?
Napoléon a sortit Joséphine de son bocal et joue avec. C’est un carnage. J’essaye de m’interposer mais il a déjà gobé mon petit poisson rouge. La fureur et la rage montent… Je lance le chat à travers la pièce, il rebondit contre un mur et se planque sous une étagère.
Max a l’air tout chamboulé. Ca me calme. Je lui explique que je tenais beaucoup à ce petit poisson qui me suivait depuis longtemps.
Il est crevé mais je m’en fous. Il paraît que c’est de ma faute, que j’oublie toujours de nourrir le chat… Mais c’est SON chat ! Et MON poisson rouge ! Ou plutôt c’était…
Isa m'appelle desespérée a seize heure et m'annonce que Max n'est plus dans l'appartement. Je lui dis de se calmer, peut être veut-il lui faire une blague. Je ne m'angoisse pas, je sais qu'il n'a pas pu aller très loin. Je suis surtout en colère, mais je sais que je serais incapable de me facher contre lui, car comme à chaque fois la colère va faire place à la culpabilité et je vais me dire: "c'est de ta faute, tu l'as mal élevé, ce n'est pas bon pour un enfant de grandir sans père.
A seize heure trente elle le trouve chez Sasha et Louise, il ne veut plus rentrer. Je lui dis de rester chez eux jusqu'à ce que je revienne. Je vais essayer de rentre plus tôt. Si le patron l'apprend je pourrais toujours dire que mon fils a eu un accident.
Et puis je peux laisser l'étudiant tout seul, ce n'est pas comme Isa à qui j'ai toujours peur qu'il arrive quelque chose. Je lui dit, il est d'accord. Il me fait un clin d'oeil complice comme si on préparait un mauvais coup.
J'ai une brève envie de méchanceté mais je me retiens.
Je récupère Max, je remercie Sasha et Louise et on rentre à la maison. Je dis à Max de s'excuser et d'aller dans sa chambre. Une fois seule je ne sais pas si je dois lui parler ou le laisser tout seul pour qu'il comprenne que je suis fachée.
Je n'entre dans sa chambre qu'à dix heure et demi pour lui dire bonne nuit.
Il est dix-neuf heure
Je me prépare et me dérobe .
J'ai le sourir au volant de ma petite voiture rose !
J'aime me déguiser , me mettre en scène ...
Le spectacle !
Jouer ce role m'exite .
Même si je n'aimerais pas être une femme , elles m'intriguent ...
Peut-être est-ce une façon d'essayer de saisir leur complexité...
Je rentre dans ma loge , me maquille , m'habille , me concentre ...
Et c'est parti !
Les rideaux s'ouvrent ...
applaudissement ...
Je me sens bien ...
Et c'est déja fini ...
Ces temps là sont toujours trop courts !
Je retourne dans ma loge ...
Et redeviens Sacha .
Une marguarita !
Il y a du monde pour un mercredi soir ...
C'est agréable .
Des amis me rejoignent ... Fred et Rose , un couple de transexuel , et on attend un de mes collègues pour rentrer chez moi et prendre un dernier verre ...
A la maison , les dragons s'échappent et voltigent à travers la pièce ...
La tension aussi !
Louise n'a toujours pas digéré Joséphine !
La soirée se passe ...


j'entends des bruits bizarres dans le hall d'entré, des rires à la fois masculins et féminins. Je regarde discrètement par l'oeillet à travers la porte. Je ne vois pas bien, mais ça a l'air vraiment étrange. Je regarde encore, je vois et j'entends, une fille avec une voix d'homme qui monte les escaliers. Je me demande quel est ce truc, ce n'est pourtant pas carnaval. Je veux en savoir plus, je les suis au bruit. On dirait qu'ils vont tout en haut, je n'arrive pas à les suivre à cause de l'arthrite. Je monte et j'écoute derrière chaque porte pour savoir où ils sont... Presque trente minute après je monte jusqu'à sous les toits au dernier, là où je ne vais jamais, même pour faire le ménage. Il y a beaucoup de bruit derrière la porte. Je sonne et j'ouvre, il a plein de filles ou garçons, enfin je comprends au bout d'un moment que ce sont des hommes déguisés en filles. Je reconnais Sacha, le jeune homme, le nouveau jeune voisin que j'aurais trouvé séduisant s’il ne se travestissait pas... Il me voit et n'a pas l'air d'apprécier que je leur rende visite ... Ah, ces jeunes d'aujourd’hui, quelle décadence!... Ce n'est pas grave, je redescends tout doucement jusqu’au rez de chaussée pour passer une vraie nuit de sommeil.


Sasha a démissionné… A t-il pensé à moi ? Un seul instant ? Moi aussi je hais mon boulot. Il me ronge, s’empare tout doucement de mon corps, m’épuise. Je me répugne. Tellement honte quand je me prépare pour aller bosser. Quand je ne bosse pas, je n’ose plus me faire belle… De plus en plus laide, vieillie avant l’âge, bien trop tôt… Corps qui se dégrade, esprit qui de perd, vagabonde… Et maintenant, sans la paie de Sasha, au fond de moi, je sens que mes soirées tapins vont doubler, la came également. Pour tenir… Je m’enfonce mais je n’ai plus le choix. Je l’ai peut-être eu. Je ne sais plus. Je ne l’ai jamais su…

une heure. Retour. En prévision j’ai enchaîné les passes. Et couru après deux grammes de dré.
Je suis vidée, claquée. Ne plus jamais réagir, ne plus ressentir, ne plus jamais penser. Surtout… dormir…
Dès le deuxième étage j’entends le juke-box, des voix. Je voulais être seule…
Craquage…
Tous chépers, Sacha qui me sourit. Ses amis s’excusent comme ils peuvent. Ce n’est pas à eux que j’en veux. Comment le pourrais-je ? Des ptits gars comme ça… Petites bouilles de cras, de trans, de travellos. Adorables et perdus. Je ne pense qu’à moi. Sasha à le droit d’en profiter, et puis huissier c’est pas une vie pour lui…
Je suis de retour dans ses bras. Je pleure, j’évacue, je suis bien. Il me laisse prendre mon temps, me fait un shoot de rabla. Mon corps est envahit par une infinité de sensations. Je revis, enfin…
J’ai envie de lui… Joséphine…