J’ai tout de suite pensé à Yann. A peine réveillée. Direct. Son visage tourbillonnant en lui-même, se déformant. Les joues qui se creusent, qui bleuissent… Il y a des jours comme ça, des jours sans espoirs. Des jours où l’on se dit qu’on en a trop vu, que ça n’est plus possible, qu’il faut que ça s’arrête. Je ne pleure plus depuis des lustres, je ne réagis plus. Le silence est un cri. Le rire aussi.
Des jours où l’on voudrait ne plus jamais parler…
Mais finalement, on encaisse. Les bonnes comme les mauvaises nouvelles. On apprend à vivre avec. A accepter que ton ami finira sa vie de façon semblable qu’un autre homme. C’était le père de mon meilleur ami. Etrange…
Tu oublies vite, passant des larmes au rire ; même si tu ne pleures plus.
Mais la boule restera longtemps incrustée dans ta chair, tenant compagnie à toutes tes pensées enfouies.
Alors c’est ce que j’ai fait. Alors j’ai ris. Au départ ce fut nerveux, instinctif. Puis ça se transforma en vrai rire franc, joyeux. Sous mes yeux, Maxime venait d’ouvrir la malle à costumes de Sacha. Il était planté là, les yeux écarquillés, petite bouille rigolote. Il en extirpa deux-trois soutifs roses, rembourrés et à paillettes bien sûr. C’est alors qu’il vérifia le nom sur la malle, me regarda d’un petit air interrogateur. Sacha et ses robes de princesses…
Lequel danse maintenant sous le regard ébahi d’un petit garçon blond, les cheveux en bataille, au son des Zazous de Brigitte Fontaine.
Je me sens heureuse. Les sentir tous les deux près de moi. Avoir l’impression d’être une famille…
Je les laisse cinq minutes, le temps d’aller piquer des clopes au voisin du dessous. Il s’appelle Ling, je crois. Je ne l’ai encore jamais vu.
Le voilà. Plutôt pas mal, la trentaine. Bien typé asiatique. Chine ?
Il n’a que des indus chinoises, immaculées du papier au filtre. C’est froid ; elles me font penser à l’hosto.
Il semble rêveur, réservé. Très doux. Un peu poète ? Malheureusement il a aussi le côté « associable » qui va avec. Au bout de cinq minute de quasi monologue, je fuis rapidement à l’étage du dessus…
Il faut que j’aille bosser. Mardi, j’essayerai de ramener ma puce et mes trois petits gars du boulot…
Bon là c po vraiment fini mais c un début
comme c un peu un arc désordre
je bosse de façon désordonnée
(j'ai un tout ptit peu commencé par le milieu...)